Le CSS Marie-Victorin déploie un plan de formation sur les pratiques efficaces
Après une réflexion approfondie au sujet des écoles efficaces, nos équipes ont identifié, en se basant sur la recherche, deux pratiques d’enseignement et d’intervention particulièrement efficaces, soit la rétroaction et l’enseignement explicite. Dans le but d’optimiser le développement des compétences de tous les élèves et de favoriser leur réussite éducative, c’est autour de ces deux pratiques que le Centre de services scolaire Marie-Victorin a élaboré un plan de formation proposant une bonification aux pratiques d’enseignement et d’intervention déjà en place.
Rétroaction : La rétroaction est une information donnée qui aide l’élève à s’améliorer dans l’accomplissement d’une tâche et à développer la compétence ciblée. « Donnée au présent sur un moment passé, la rétroaction peut influencer le comportement du futur ! »
Enseignement explicite : L’enseignement explicite est une stratégie d’enseignement claire, formelle et structurée, selon des étapes séquencées, qui assure la réussite de tous les élèves en évitant la surcharge cognitive. À elle seule, elle englobe plusieurs pratiques efficaces telles que la démonstration, l’utilisation d’exemples et de contre-exemples, le questionnement, la rétroaction, l’observation, l’étayage, la révision et plus encore.
Depuis maintenant deux ans, ce plan de formation spécifique se déploie à travers nos établissements et aujourd’hui, les pratiques efficaces sont mises en œuvre dans une grande partie de nos écoles et centres, tant au niveau du primaire, du secondaire, de la formation générale des adultes et de la formation professionnelle.
En cette fin d’année scolaire, l’impact sur les élèves est indéniable et des changements bénéfiques s’observent déjà dans les classes. Pour illustrer ces changements, nous avons demandé à des membres du personnel, du primaire et du secondaire, de partager leur expérience depuis l’implantation des pratiques efficaces dans leur milieu.
COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS LES PRATIQUES EFFICACES ?
CAMILLE MORISSETTE : « Cette formation est une opportunité de partager et d’uniformiser nos méthodes d’enseignement. Les pratiques efficaces permettent, entre autres, aux enseignants de donner de la rétroaction de manière régulière afin que l’élève puisse s’améliorer dans ses travaux ainsi que dans ses évaluations. De cette façon, l’élève est en mesure de connaître ses forces ainsi que ses défis. »
KARINE FRIGOUT : « Enseigner de façon efficace une notion, c’est d’abord montrer comment faire puis décrire les étapes petit à petit à l’élève et ensuite lui offrir des occasions de s’exercer tout en l’accompagnant avant de le laisser faire seul. Il faut lui offrir l’occasion de pratiquer régulièrement les notions (avec espacement) déjà enseignées afin de les consolider et vérifier sa compréhension par des observations et des discussions sans délai. Enfin, il faut croire dans le potentiel de l’élève et fixer des objectifs qu’il sera capable de relever. »
CATHERINE LAVOIE : « Les pratiques efficaces, ce n’est pas seulement faire les choses rapidement pour pouvoir en faire le plus possible dans une journée. C’est même le contraire, c’est prendre le temps de mettre des pratiques gagnantes pour faciliter l’acquisition des compétences chez les élèves. Ce sont des pratiques enseignantes qui sont axées sur l’efficacité des apprentissages et qui ont fait leurs preuves. En effet, ces pratiques sont élaborées en se basant sur la recherche sur le terrain. »
PATRICIA AUDET : « La formation sur les pratiques efficaces est un réel atout! C’est intéressant de mettre des mots sur ce que l’on fait déjà par instinct. Beaucoup d’informations théoriques et scientifiques sont abordées. Des outils visuels auxquels on peut facilement se référer sont offerts. Les documents et les capsules vidéos m’inspirent dans mes interventions au quotidien ainsi que dans l’élaboration des plans d’action et d’intervention que je rédige. La formation est vraiment bien vulgarisée et accessible à tous! »
LINE BOUCHER : « Les pratiques efficaces font partie de ma vision depuis longtemps au service de garde. Ce plan a permis à mon équipe de prendre de plus en plus conscience de l’importance des pratiques efficaces, comme la rétroaction. On ne réinvente pas la roue, on ajuste nos pratiques et on met des mots sur nos interventions. Je sens aussi un rapprochement entre l’équipe du service de garde et le reste de l’équipe-école ; on a besoin de l’un et de l’autre pour s’arrimer. »
DE QUELLE FAÇON APPLIQUEZ-VOUS LES PRATIQUES EFFICACES EN CLASSE ?
SOPHIE HUDON : « Le fonctionnement par atelier permet une rétroaction plus rapide auprès d’un groupe cible. De cette façon, une rétroaction constructive, méthodologique ainsi qu’affective peut être utilisée à l’oral. De plus, en production écrite, le fait de séparer chacune des étapes permet d’offrir de la rétroaction à chaque élève. Cette façon de faire leur permet de cibler leur défi et de se concentrer sur celui-ci. Les pratiques efficaces m’ont amenée à réfléchir davantage à mes séquences d’enseignement et à offrir une rétroaction beaucoup plus fréquente aux élèves.Voici ce que j’ai fait quotidiennement :
Fournir des listes à cocher pour que les élèves puissent avoir accès à un aide-mémoire des étapes à accomplir dans une tâche;
Fonctionnement par atelier qui permet une rétroaction plus rapide auprès d’un groupe cible;
Division des tâches d’écriture en étapes pour offrir une rétroaction à chacune des étapes;
Nombreux commentaires sur les évaluations (commentaires écrits);
Utilisation des routines du matin pour revoir des concepts mathématiques (problèmes du jour);
Analyse de phrases en grand groupe (rétroaction immédiate sur les réflexions des élèves, questionnement en grand groupe). »
JONATHAN LAMARCHE-CRESPO :
« Il peut être bien facile de faire les bonnes pratiques, encore faut-il vérifier que nos élèves ont compris notre intention d’intervention. Observer, intervenir, questionner et faire un résumé de notre message. »
KARINE FRIGOUT : « La modélisation, la pratique guidée, la pratique autonome, l’espacement et la rétroaction immédiate me permettent de mieux cibler les besoins de mes élèves. Le dépistage me permet d’organiser plusieurs périodes de décloisonnement en sous-groupes. Je pratique les retours en mémoire régulièrement et la rétroaction.J’aime faire travailler les élèves en dyade et les écouter argumenter et / ou se justifier. Ces échanges sont constructifs et riches en enseignement.Je valorise la collaboration avec les parents, j’écris souvent des commentaires, des défis à relever sur les travaux des élèves, dans le portefolio ou sur les évaluations. Je diffuse les stratégies enseignées afin que nous ayons un langage commun. »
CATHERINE LAVOIE : « En mettant en place l’enseignement explicite : des modelages précis et détaillés pour donner à voir aux élèves ce qu’ils ont à apprendre. Une pratique guidée seul, en groupe ou en équipe axée sur l’accompagnement, et surtout, la rétroaction visant l’amélioration chez l’élève, débouchant éventuellement sur une pratique autonome. Un va-et -vient entre ces étapes selon la progression des élèves. L’observation des traces permet de cibler quand les élèves sont prêts à la pratique autonome. Miser sur l’effet enseignant : établir un bon lien avec les élèves afin de rendre les activités et les apprentissages significatifs. »
LOUISE GÉLINAS et MARIE-HÉLÈNE POMERLEAU : « L’adoption de comportements positifs peut parfois être plus difficile pour certains élèves. Le modelage des comportements attendus par un enseignement explicite est donc la clé du succès, même au SDG. Ce plan a permis à toute l’équipe de parler le même langage et d’arrimer les interventions ; cela assure une cohérence auprès des élèves. »
AVEZ-VOUS ÉTÉ EN MESURE D'OBSERVER DES CHANGEMENTS SUR L'ENSEMBLE DE VOTRE CLASSE ?
CAMILLE MORISSETTE : « J’ai observé plusieurs changements. De manière générale, les élèves se sentent plus en contrôle de leur réussite et des actions qu’ils peuvent poser. À titre d’exemple, en production écrite, chaque élève a ses bons coups et ses défis inscrits dans son cahier. De plus, à partir de dépistage, les élèves sont séparés en sous-groupe à travers les trois classes de 6e année. Ainsi, chaque sous-groupe est divisé en fonction de leurs besoins et de l’accompagnement adapté est donné aux élèves. Ces derniers se sentent incluent et libres de donner leur opinion. »
SOPHIE HUDON : « Oui, les élèves sont plus soucieux de leurs défis et comprennent davantage les éléments à mettre en place pour s’améliorer. J’ai particulièrement observé ceci en écriture puisque j’ai été capable d’offrir une rétroaction fréquente. »
CHRISTINE PAQUETTE :
« Oui, tellement ! La motivation de la très grande majorité des élèves est impressionnante. Ils relèvent les défis qui leur sont présentés et savent où ils en sont rendus dans leurs apprentissages. »
Découvrez les témoignages d’enseignantes au sujet d’élèves pour qui les pratiques efficaces ont eu un réel impact :
« Justin éprouve des difficultés en mathématiques,plus précisément lors de l’application des processus... »
À l’aide de la rétroaction, Justin vient s’assurer de la compréhension du problème ainsi que des étapes à réaliser. Aujourd’hui, il est en mesure de résoudre des problèmes mathématiques. À la fin de cette année scolaire, Justin sera en réussite au critère des processus mathématiques. Sur le plan du comportement, il est aussi possible de voir des changements. Il est maintenant plus sûr de lui et applique les stratégies enseignées. »
« J’ai eu l’occasion de travailler deux ans de suite avec Mohamed. Son décodage était très faible... »
…, nous avons travaillé en sous-groupe de façon quotidienne la lecture de syllabes, de non-mots, de mots, de phrases puis de courts textes durant ces deux dernières années. Au terme de son année scolaire, je peux constater une très belle amélioration de sa fluidité ce qui l’amène à vivre des réussites dans toutes les matières. Après un an de récupération hebdomadaire en mathématiques à manipuler du matériel et à pratiquer avec les outils technologiques en écriture, il est parfaitement autonome. Mohamed est motivé et fier de vivre des réussites, il connait ses besoins et applique encore les stratégies gagnantes. »
« Jade est une élève que j’accompagne en tant qu’enseignante ressource. Au début de mon suivi avec elle, elle ne s’impliquait que minimalement dans ses études... »
Elle avait besoin de beaucoup de renforcement pour se mettre à la tâche et validait avec moi chaque étape de son travail, et ce, par manque de confiance. J’ai remarqué qu’avec cette élève, dès que je voyais quelque chose de positif durant une tâche, une rétroaction positive l’encourageait dans ses efforts. De plus, une rétroaction sous forme de questions (rétroaction métacognitive), a beaucoup aidé Jade à réfléchir sur les tâches qu’elle devait accomplir, à appliquer les bons raisonnements au bon moment et l’a rendue plus autonome ultimement. Se questionner ainsi l’a poussée à s’impliquer et à devenir un élément actif dans sa propre réussite. La rétroaction et l’accompagnement en pratique guidée me permet d’évaluer les élèves lorsqu’ils sont prêts à le faire, plutôt que de me baser uniquement sur le calendrier. »